tag:blogger.com,1999:blog-15255930103980768502023-06-21T06:19:28.628+02:00Petites Zones TroublesJe ne vais pas toujours seul au fond de moi-même
Et j'entraîne avec moi plus d'un être vivant.
Ceux qui seront entrés dans mes froides cavernes
Sont-ils sûrs d'en sortir même pour un moment ?
J'entasse dans ma nuit, comme un vaisseau qui sombre,
Pèle-mêle, les passagers et les marins,
Et j'éteins la lumière aux yeux, dans les cabines,
Je me fais des amis des grandes profondeurs.
Jules Supervielle, Les Amis inconnus, 1934alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.comBlogger64125tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-5682674158737563222016-05-19T11:11:00.001+02:002016-05-19T11:11:53.381+02:00V I A N D EBaguenauder #1<br /><br />
Tu t'es mise à produire du slogan, de la poudre
oculaire, et dans la boucle d'un retour où ta tête cogne, où tu vois
flou, tu remarques pour la première fois, sur l'enseigne de cet homme à
petite moustache qui vend des poulets, l'accroche suivante :"Un univers
de viande fraîche". <br /><br />
Sur cette place des marchés dominicaux, un
type qui s'appelle peut-être Bob - ou peut-être Jack - chante qu'il y a
une maison à la Nouvelle-Orléans qui s'appelle Soleil Levant. C'est <span class="text_exposed_show">à peine si deux badauds s'arrêtent, mais le fil est jeté, il y aura bien un gardon ou une ablette à la fin du morceau.<br /></span><br />
<div class="text_exposed_show">
Elle vient de Boussu. Porte des lunettes à verres en plastique à défaut
d'en avoir de vraies. Se plaint d'être la seule de sa famille qui n'a
pas cette chance, la myopie. Voudrait trouver une robe qui la ferait
davantage ressembler à une gouvernante de l'époque victorienne férue de
roses trémières ou de bleu layette.</div>
alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-5421048015444717372015-11-01T10:36:00.000+01:002015-11-01T10:36:33.920+01:00D E R B I E SIl a 23 ans, 25 peut-être. Des montures fines, cerclées d'écailles.
De l'étoffe ajustée sur mesure, la délicatesse de la percale blanche à
petits motifs qui dépasse d'un pouce du col. À ses côtés dans le bus,
elle lui parle dans un anglais hésitant. Penche sa tête de poupée à
pull, laisse osciller sa coupe à la Mireille à proximité de son oreille.
<br /><br />
Il a déposé à ses pieds un pochon de plastique transparent, sur
lequel tu distingues à l'envers les lettres - est-ce de l'Helvetica? -
STIJL. Dedans, une boîte jaune. Un focus sur les signes noirs te fait
lire John Lobb. Tout à côté, des embauchoirs en bois. Quelle pointure,
quelles tractations peut-il bien faire?alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-43074057433621360822014-05-09T11:38:00.002+02:002017-04-25T10:59:39.304+02:00W A R R E N<div style="text-align: justify;">
Sur le ponton où grouillent les rongeurs, son pas n'est pas pesant, il frôle à peine les planches attaquées par la vermine. Arrivé au bout de la jetée, il dépose son étui et en sort un violon dont il se plaît à taquiner les cordes, très délicatement d'abord, bientôt de façon incendiaire. A mesure que s'étirent les notes, que le ciel devient rouge, les rats s'entassent autour des jambes de cet homme. A ce moment-là seulement, il s'autorise à rire dans sa barbe de forêt, dans son nid à coucous.</div>
alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-18376188747329329832014-05-09T11:36:00.000+02:002014-05-09T11:36:28.787+02:00M O N S T E R <div style="text-align: justify;">
Sa chienne gît là, ventre à l'air, à ses aises sur trois places de banquette, et toute sa vie tient dans un sac Lidl. Il sirote un énergisant grand format comme on sabrerait une Veuve Clicquot, tout en feuilletant machinalement "Au secours, pardon", bas-ventre rouge, culotte blanche. A ce moment du récit, je préciserais bien qu'il a les yeux bleus, mais tu ne les vois pas derrière ce bonnet informe, alors, à quoi bon? En face de lui, deux soeurs à chips qui fritchent-froutchent sous leur pieds et mélasse capillaire, qu'il apostrophe de ce "tu" que s'accordent les gens qui n'ont plus grand chose à perdre, pas plus à gagner: "C'est bien meilleur que du Redbull, il y a du ginseng dedans. Tu devrais goûter. " "Mais dans le Redbull, il y a des médicaments, j'en veux pas, et toi, tu devrais faire attention." "Tu ne sais pas ce que tu perds. Et le mari, il n'est pas avec toi?". L'autre soeur, le rempart, tente de couper net l'amorce : "Ya plus de mari. C'est fini. Parti avec toutes les économies de la famille, il n'existe plus." Elle crache à même le sol de la rame. </div>
alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-74469506228623185152013-05-30T22:47:00.003+02:002013-05-30T22:47:38.407+02:00G O R S ELe renoncement est jaune. Mimosa, forsythia. Un litre d'amertume, à distiller sec. Un litre de liqueur de genêt. Au goulot, par gavage, sans déglutir. Vas-y, ça n'est jamais que quelques secondes qui se dilueront dans ton sablier. A moins que tu ne veuilles rejoindre le trottoir d'en face où les flaques ont des reflets plus nombreux.alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-72883801492404092402012-12-15T12:02:00.000+01:002012-12-15T12:02:10.096+01:00F L A N <div style="text-align: justify;">
Tu sais, je crois que je ne lui trouve pas une gueule d'envie, mais une gueule d'appétit. Elle ronge consciencieusement les chairs molles des cuisses de batracien, commandées à l'aveuglette, elle s'écrie, non sans malice "Un jour, au Laos, on nous a servi juste des pattes de poule, rien autour : je n'ai pas trop compris l'intérêt". Elle ferait des kilomètres pour un flan au lait de ferme à la brousse. </div>
alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-47365358403910615482012-12-15T12:01:00.000+01:002012-12-15T12:01:16.990+01:00T A L O N<div style="text-align: justify;">
Chaque mardi, c'est sa chaussure droite qu'elle lui tend sous forme de deux coupures bleues, de main à main, sans la regarder. Chaque vendredi, c'est sa chaussure gauche qu'elle lui tend sous forme de deux coupures bleues, de main à main, sans la regarder. Des rituels immuables qui, on le lui a garanti, aident à marcher. Sur d'autres parquets, elle gambaderait sans doute pieds nus, orteils dans la vase, talons d'Achille au creux des fougères.</div>
alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-65631947466794266042012-09-23T17:40:00.002+02:002012-09-23T20:35:15.811+02:00O E I L L E T S <div style="text-align: justify;">
C'est ce couloir que tu empruntes si souvent, avec ses poissons rouges amorphes, ses plantes semi-tropicales, ses verrières. C'est ce même couloir mais les perspectives sont décalées, tu n'y reconnais pas les traits, pas les lignes, pas les voix. Des étoffes de divas, une nuque de tomboy, des chairs expansives ou menues, à peine quelques specimens à pomme d'Adam au milieu d'une volière. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Est-ce qu'elles aussi s'interrogent sur ce que c'est, au fond, la dimension cachée? L'heure est tapante, précipitée : s'engouffrer dans les sous-sols, pas de dérapage. D'autres silhouettes s'animent : du grain, des clavicules que tu dessines mentalement du doigt, ces cigarettes d'extension et ces pulls trop grands qui laissent basculer les épaules, ces attitudes bravaches. Et pourtant, dans un coin, elle se fait doute et elle rapetisse dans sa brèche, celle qui doit mener la danse : ce contraste-là t'émeut et tu te souvient de tous ces gestes justes, ces envolées saccadées qu'elle imprime sur des corps siens, des incarnations.<br />
<br />
Accroupie, elle se permet d'apparaître dans le champ dont elle n'est pourtant pas l'objet, elle dit que cette fois-là, elle a dû fermer les yeux, pour ne pas être submergée. Elle les scrute tous du coin de l'oeil, mais je m'arrête sur celui qui signe avec ses mains longues du Gershwin, sur celui qui hurle, sur ce qu'ils scandent depuis leur identité propre, avec vigueur. Pina est cette droiture qui interroge toujours à coeur, ce corps de fil qui fume, celle qui cherche la force. J'en garde un peu, pour le jour où.</div>
alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-44185621051535270062012-08-14T22:00:00.001+02:002012-08-14T22:00:14.948+02:00S Q U A W <div style="text-align: justify;">
Je ne connais pas Juliette, Juliette qui aime le Marsupilami, Juliette qui reçoit des cartes postales avec un dauphin du Croesty et possède un aquarium garni de gupis phosphorescents. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le 19 juin 2012, Juliette a été invitée à un départ à la retraite salle 108-109 par Gabrielle Fourier, que je ne connais pas, pas plus que Juliette, Juliette qui aime les squaws et les sirènes à queue violette, les Playmobils multiraciaux et les gupis, Juliette "en route pour l'aventure de la vie", comme le dit son papy Michel, que je ne connais pas, pas plus que l'infirmière Lilou qui comme chacun sait, a des cheveux jaunes et une couronne.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Je ne connaîtrai jamais Juliette, Juliette qui griffonne toujours son prénom avec un "j" minuscule sauf sur les dessins de chauve-souris et les dessins de tigre et qui précise sur des post-it rose fluo "ne pas toucher s'il vous plaît merci", Juliette dont le papa écoute NTM, Bob Dylan et OP8. Juliette qui habite à la Croix-Rousse, à Lyon, très précisément.</div>
alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-62712183348923507882012-08-08T00:23:00.002+02:002012-08-08T21:54:06.099+02:00LAKE CHARLES<div style="text-align: justify;">
Shannon est à moitié cherokee, ses murs sont placardés de dreamcatchers, mais elle ne se fait pas d'illusions: dans son comté, les rêves ne mènent jamais aussi loin que vous le souhaiteriez du haut de vos 16 ans, la faute au couvre-feu. Son père a fait la première guerre en Irak, c'est un type adorable, qui, le jour de Pâques, prend la peine de me préciser le nom de chaque arbre de la propriété où ils habitent tous les deux, depuis que la mère de Shannon s'est barrée avec un gourou californien. </div>
<div style="text-align: justify;">
Ma jeune hôte insiste pour me montrer l'album souvenir du lycée de l'an dernier, quand elle était encore scolarisée avec tous ces enfants friqués du coin, avant qu'elle mette la pagaille dans leurs vies. Elle s'arrête un instant sur la photo d'une petite brune, assez insignifiante, et précise :"Ca, c'est Miranda, elle a été ma petite amie pendant trois mois environ, et puis elle a changé de quartier. Bigote, pas très causante, mais son père avait un bar à whiskys impressionnant". Plus loin, filles et garçons continuent à défiler, Shannon commente, organise, retrace tout son calendrier amoureux de 1997, le carnet de bal d'une jeune fille d'ici et maintenant. Mon regard est happé par une silhouette maigrichonne au crâne rasé, qui pourrait faire songer à Dolorès O'Riordan, à condition d'aimer les approximations. Il me semble l'avoir croisée dans le parc, la nuit précédente, parmi d'autres poètes urbains, entassés autour d'un casier de bière et des cigarettes noires à bouts dorés à la main. Quand je l'interroge, mon hybride précise : "Tara est intouchable. Ne cherche même pas à l'approcher à moins de cent mètres. Si elle te choisit, tu le sauras bien assez tôt."<br />
<br />
Plus tard dans la nuit, Shannon m'emmène chez Wendy, son amie d'enfance, qui semble avoir été happée par l'esprit de Wednesday Adams, depuis les tresses jusqu'au regard létal. Les filles m'obligent à voir "Interview with a vampire", question de folklore ou de bizutage. Elles en sont au moins à leur trente-septième revisionnage, la cassette est usée, on distingue de moins en moins bien les couleurs et le son pourrait être superflu : elles connaissent au moins 90% des dialogues par coeur. Je n'ose pas les décourager. De toutes manières, la séance est interrompue. Lacey n'est toujours pas rentrée, et nous voilà en route vers un abri de jardin à l'autre bout de la ville, à devoir procéder à une intervention d'urgence : 13 ans, plutôt délurée, on retrouve la petite soeur fugitive en train de jouer à Quake II avec deux skaters nettement plus âgés qu'elle mais trop <i>stoned</i> pour tenter quoi que ce soit de plus illicite. Elle proteste pour la forme : elle leur mettait une branlée mémorable. <br />
<br />
Retour à la cuisine, chez Wendy. On a beau faire comme si de rien n'était, on tombe nez à nez avec Ray et Chelsea en train de se livrer à des ébats sonores et gorgés d'alcool à même la table. Drôles de parents. Je crois comprendre que nous ne retournerons pas chez Shannon parce qu'il est trop tard, et qu'il me faudra donc passer la nuit dans le lit-cercueil en carton-pâte, que les filles, hospitalières, m'ont concédé. Au plafond, une araignée géante constituée de sacs-poubelles noirâtres veillera sur moi comme sur un nouveau-né. <br />
<br />
Je ne suis même pas sûre qu'il y ait un seul plan d'eau digne de ce nom à Lake Charles, Louisiane. On y trouve par contre des chiens obèses, des trailer vans, des pompom-girls enthousiastes, des géniteurs absents, des adolescents perdus aux désirs qui ne dépassent pas la nationale, aux transgressions grandes comme la paume.</div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-82203073397671952422012-08-07T20:53:00.001+02:002012-08-08T10:39:59.485+02:00V I C T O I R E<div style="text-align: justify;">
Elle dit qu'elle va compter jusqu'à trois, qu'après elle descendra du tram, qu'après elle les plantera là, avec leurs rires et leurs gros mots, et que ça leur fera les pieds de rentrer sur pattes à la maison. Elle dit qu'ils feraient bien de s'assoir correctement, d'arrêter d'embêter les gens, de s'amuser normalement, pas comme ça, pas aussi fort, pas en interagissant sans arrêt, juste nor-ma-le-ment. Qu'elle va compter jusqu'à trois aussi pour demain midi, tant qu'à faire, parce que justement, ça commence à bien faire, Evan, tu t'assieds maintenant, tu sais le trois va sortir, il y en aura un après le deux et pourquoi est-elle toujours obligée d'utiliser la menace avec eux, ils ne comprendront donc jamais. </div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-89152256206493277282012-07-29T22:25:00.000+02:002017-08-17T11:21:47.826+02:00M O N I K A<div style="text-align: justify;">
Au bar, je vois Monika, ses vingt ans et ses petits seins de magasinière dans une blouse à trois boutons allumer une cigarette. Je vois Monika, ses vingt ans et ses petits seins dans une blouse à trois boutons de magasinière rire comme un oiseau perdu, parce que tu as posé tes phalanges quelques secondes de trop sur l'étoffe bleue en la froissant, parce que le verre est vide, rire parce qu'elle sait que vous ne prendrez sans doute pas le temps d'en boire un deuxième, que l'été ressemblera à une succession de portes cochères à la dérobade. Je vois Monika, ses vingt ans et ses hanches amples se lever à la hâte, rajuster le bas de sa blouse à trois boutons, et disparaître du bar avec toi suspendu à ses chevilles de magasinière. </div>
alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-5359779451984609602012-07-27T17:18:00.001+02:002012-07-29T00:55:37.612+02:00R U M S P R I N G A<div style="text-align: justify;">
Cette nuit-là, en gagnant la chambre pour son rituel nocturne, elle constata sur sa tunique en lin un essaim de taches rouges minuscules qui ne s'y trouvaient pas la veille. Elle sut immédiatement de quoi il s'agissait. Qu'il ne servirait à rien de relaver à grand renfort de mousse et vigoureux frottements ce vêtement humble qu'elle portait tous les jours sauf le dimanche. Qu'elle devrait vivre désormais avec cette marque, pas tout à fait une faute, pas tout à fait un sceau. </div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-49933213229546969492012-07-20T16:18:00.001+02:002012-07-21T09:40:08.033+02:00T E S S A<div style="text-align: justify;">
Un matin de cavalcade, dans le 81 entre Levure et la Chasse. L'odalisque rousse en face de toi a le rimmel qui s'auto-tamponne mais les lobes bien dessinés sous ses écouteurs qui diffusent 'Bette Davis Eyes'. Affalée sur son siège, jambes entrouvertes, satin clair, tu ne peux pas discerner que ses rêves sous Rohypnol lui dressent une balançoire dans le verger luxuriant de sa grand-mère restée à Topeca, et des strapontins dans le plus petit cinéma du Kansas. Quinze places à peine, une ouvreuse-projectionniste seulement les mardis soirs. Le reste du temps, un spectateur se dévoue pour choisir et installer la bobine.<br />
<br />
Ses paupières tressautent à peine sous les cahots du véhicule. Dans un instant, sans qu'aucun usager du tram ne s'aperçoive de ses divagations, elle visionnera peut-être 'La Nuit américaine' en compagnie de Jim, le pompiste ou décidera pour les quelques avides de plans-séquence du jour de dépoussiérer 'Mon nom est personne.' Il est fort probable qu'elle rate son arrêt, sa destination première. Mais à quoi bon interrompre les voyages qu'on est seul à fomenter? Tessa, quasi figée, savoure là un instant qui s'auto-détruira au réveil. </div>
<br />alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-51994496536921491812012-07-19T19:19:00.000+02:002012-07-20T08:19:53.834+02:00G I U L I O<div style="text-align: justify;">
Je ne vais chiffonner aucune page. Pas celle où tu craches sur Truffaut et les chansons italiennes, pas celles où tu joues aux échecs. Pas celle où tu vois cette femme de province et où rien n'advient, étonnamment. Je me dis que tu dois avoir la voix de Sergi Lopez, ou alors j'extrapole. Que ton oeil gauche doit être victime d'un tressautement, à force. Mais tu gagnes ton pari, à vrai dire : je n'ai pas vomi, je ne me suis pas indignée. Tu sais te montrer abject, mais c'est encore et toujours de la littérature. Je dis oui.<br />
<br />
'Fake', Giulio Minghini, Allia.</div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-58531481358197485032012-07-14T12:44:00.001+02:002012-07-14T15:19:04.612+02:00ROSE KENNEDY<div style="text-align: justify;">
Dans une caisse, des photos de PH prises au Jardin du Luxembourg. Il joue un peu avec l'objectif, tire la langue, se dissimule à moitié. Des images pas vraiment bonnes, au fond. Ni cadrées, ni profondes, ni tout à fait symptomatiques de ce qui pouvait les lier à ce moment-là. Sans le tampon à l'arrière, elle aurait presque du mal à se souvenir que c'était en 2001. En septembre, exactement. Chez un petit disquaire de la Rive Gauche, pendant qu'il fouillait longuement dans les bacs, elle avait trouvé 'Rose Kennedy'. Elle avait proprement remisé ce souvenir avec les factures, les faire-parts de naissance, des cartes postales d'Egypte, quelques bristols de restaurants. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il lui avait fait découvrir 'Blue Monday', la musique de Detroit et Maurice Dantec. Il prétendait que le rock'n roll était mort mais n'était pas capable de rouler ses joints tout seul. Il s'en amusait parfois devant elle, mais ne lui proposait jamais de fumer ensemble, ça ne faisait pas partie de leur paysage commun. Ces moments-là étaient ceux de sa vie estudiantine, tunnel de fêtes et d'abandon programmé. Le weekend venu, elle constituait son repos du guerrier. Elle acceptait d'être celle qui attend à l'aune de ce qu'elle avait cru voir en lui : un esthète, un appétit, une ouverture, un point de vue contrasté. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il oublia son anniversaire. Le jour où son oncle l'invita à la dOCUMENTA, il ne lui proposa pas d'être du voyage. Elle ne rencontra pas non plus sa mère qui craignait les ondes et les effets néfastes des pesticides du voisinage. Elle n'était qu'en orbite de sa vie segmentée: il fut aisé pour le jeune homme de se délester du satellite devenu encombrant. Il lui annonça la nouvelle peu de temps après la Nuit Blanche. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Longtemps, au détour d'une rue, elle continua à voir chez d'autres garçons ses traits, distinguer ailleurs ses mimiques juvéniles. Puis il ne fut plus que des instants déchargés d'affects, traces de l'année et demie où elle vécut en Pénélope.</div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-26358568147327335902012-07-01T21:58:00.000+02:002012-07-28T21:24:55.103+02:00E U G E N E<div style="text-align: justify;">
La mèche folle, 15 ans à peine. Signes particuliers : une chemise à carreaux étriquée sur son torse laiteux ponctué ça et là de taches de son. Deux boutons ouverts, les manches retroussées à la hâte. Un slim Cheap Monday obtenu grâce un contact parisien. Une conque noire en guise d'extenseur à l'oreille droite, une attitude maniérée qui ne trompe personne, un ersatz de rictus qui séduit certains. Une excentricité hors du commun pour ce petit village de province. Eugene rectifie du tac au tac quand on prononce son prénom "Eu-gène": "Non, tu n'y es pas, c'est Iou-dgiiine. Mais tu peux m'appeler Gene". Il ne sera jamais des leurs.<br />
<br />
Ce qu'il fait là? Aucune idée. Une embrouille, un échange de fluides à la sauvette, une façon de faire perdre leur temps aux filles dupes, ou gagner le leur à des quinquagénaires en quête de jeunesse éternelle. De quoi s'assurer une rente mensuelle confortable, pratiquement sans efforts. Le garçon a l’œil faussement tendre mais le principe intraitable, même pour sa mère : rien ne s'offre, par ici la monnaie. Quand cette pauvre femme va faire ses courses dans les commerces du voisinage, elle entend parfois murmurer avec mépris"Ce giton!" dès qu'elle tourne le dos mais ne sait toujours pas ce que recouvre ce terme. La boulangère ne s'empêche guère de persifler, pourtant: "Votre petit dernier m'a prétendu que c'est vous qui alliez régler sa note. Il serait temps de s'occuper de ça, madame Beaulieu." En disant "ça", elle esquisse un geste de la main, comme pour chasser loin d'elle ce qu'elle considère comme un mauvais sort : ardoise impayée, engeance dépravée, il n'y a pas de place dans son monde pour ces erreurs-là. Elle ne perçoit pas l'ironie de la situation : le jeudi après-midi, c'est toujours son Didier qui déboutonne son pantalon le premier ou laisse à Eugene le soin de s'occuper de la désape lorsque l'excitation est trop forte. </div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-24745490681187466492012-06-28T11:15:00.003+02:002012-06-28T11:16:54.100+02:00F O S S E T T E S<div style="text-align: justify;">
Ce n'est pas un <i>mugshot</i>, c'est de l'inquiétude en format A4. La canalisation des peurs enfouies, la cohésion des tribus villageoises d'antan. Un visage qui s'affiche de façon tellement alarmante et multipliée que tu as l'impression de l'avoir croisé ici et là, toi aussi, que l'empathie globale finit par te gagner. <br />
C'est le souvenir d'hier. Rien de vraiment très tangible, quand tu y repenses. Ce "Chevreuil, incroyable!" en écho, ce pull du grand-père oublié, cette façon perchée de profiter des choses jusqu'à un jour d'effacement. <br />
C'est cette tenue jaune poussin et cette monture trop grande, et cette absence qu'on t'assène au retour de Barcelone. Plus de Ritournelle.<br />
Un tunnel, des berges, trois fois déjà. Trois fois de trop.</div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-85269446084339664762012-06-26T16:23:00.000+02:002012-06-26T16:23:17.965+02:00P O I N T U<div style="text-align: justify;">
Elle a cette certitude d'avoir enfant, en rêve, parcouru les méandres d'un magasin de jouets, hagarde, avec aux trousses un homme muni d'une seringue inoculant le germe de la folie. Une injection : prémices. Deux injections : envahissement total du serum dans les allées réticulaires de sa carcasse, immersion dans un flou objectif. Il n'a pas eu le temps de, il n'a eu le temps que...<br /><br />Le rossignol ou l'alouette. Le coucou, définitivement le coucou. </div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-86505397847459198622012-06-26T14:31:00.003+02:002012-06-26T14:31:44.939+02:00T O U N D R A<div style="text-align: justify;">
Elle n'a jamais demandé à avoir des hanches, des quilles de part et d'autre qui alourdissent encore ses glissades, ses frôlements, sa façon pataude de mettre un pied devant l'autre. Si on avait sollicité son avis sur la localisation idéale de futurs appendices graisseux, elle aurait pointé un doigt vindicatif vers ce buste où s'étire du côté droit une cicatrice évidente, un creux, un manque à gagner. Elle n'en prend d'ordinaire pas ombrage, mais à choisir, ah, à choisir. Elections, renoncements, valse-hésitation avortée : plus de mari braconnier, plus de peaux de rennes à tanner les jours froids, pas non plus d'harponnage en plein coeur chaque fois que la tempête de neige fait rage et que les hommes risquent de manquer à l'appel. Le confort d'un foyer régulé au cordeau, plus aucune incertitude quand le ciel s'assombrira.<br /><br /> Mamelons en point de mire, loin de ceux d'une nourrice : il y a toute la tendresse accumulée chez cette femme-là qui refuse obstinément de poindre, qui fait défaut depuis quatre saisons ou cinq. Le dégel tardera encore à arriver.</div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-57015352636908141822012-06-26T13:49:00.002+02:002012-06-26T15:33:06.555+02:00Z O O<div style="text-align: justify;">
Sur les berges, une ellipse de deux secondes, une collision tacite en forme de veste. On déniche les oracles du soir accroupis derrière les barreaux, en vrac, leur générosité déployée, l'hirsutisme naïf prompt à ravir. Il n'y a aucun sésame qui absorberait tout entier la candeur et les tentatives spontanées d'un langage opportun de transfert.<br />
<br />
Une Cène épicée à l'anguille, l'anchois, la poésie zutiste. Un flux cuivré continu en guise de préambule. Obsédante portion bourdonnée à demi-mot par un visage rond, des lèvres enfantines.</div>
<div style="text-align: justify;">
La femme guide des pouces et de la voix la trajectoire du basson, des pieds nus qui batifolent. Petits accrocs vibrants, maladresse touchante, communion intuitive. L'un est une succession de mécanismes, l'autre la balancelle qui accueille la mélancolie, le troisième cherche à induire sa marque débridée dans cet agencement fragile. Simplicité et ridicule assumé, beau-branque-fol est le rire japonais qui cascade. <br />
<br />
Les regards peut-être. Avoir ancré son attention ici et là, avoir fermé certaines vannes ou pas.<br />
<br />
Feindre encore d'être un animal social : connaître les codes, entériner les limites. Et se retrouver bien incapable pourtant de dessiner des renards et des caisses ou de laisser ailleurs qu'en laisse cet arpent de danger-là. </div>
<br />alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-81728475818800802582012-06-22T16:29:00.001+02:002012-06-22T16:29:38.677+02:00P R A L I N E S<div style="text-align: justify;">
Sourires de loups, petits carnages intimes. Elle, même pas la trentaine, cheveux sagement noués. Lui, à peine plus et déjà gagné par la calvitie et la chemise à carreaux. C'est dans le trajet qu'ils font tous les jours depuis leurs boulots respectifs qu'elle le prend à parti : "Tu as pensé à apporter quelque chose pour ton pot de départ, mon amour?" "Non, pas encore, je comptais passer chez ce chocolatier, tu sais, celui qui a pignon sur rue et qui est tellement innovant..." Petite moue perceptible."Tu comptes faire une dépense aussi considérable pour tes collègues? Tu n'en fais jamais autant lorsqu'il s'agit de moi."</div>
<br />alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-56960178339861913592012-06-12T21:33:00.003+02:002012-06-12T21:36:15.717+02:00V O D K A<div style="text-align: justify;">
C'était un soir où conjurer tous les sorts, à commencer par celui du ciel effiloché. Les ellipses étaient cousues à même le col, le rouge aux lèvres ne coulait pas. Elle formait de ses dents enfantines des excuses comme de petits ronds de fumée, il imaginait des vases sacrificiels : la chair engloutie, le goût douteux aux pieds potelés. J'ai ri en silence, j'ai bu, j'ai attendu le moment d'évanouissement sans le voir apparaître. J'aurais pu griffonner sur leurs échanges complices à grands traits rouges, j'ai préféré ponctuer l'air de gouttelettes translucides, moins tranchantes.</div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-3878245550790433102012-06-05T07:42:00.001+02:002012-06-05T07:42:08.456+02:00S W E A T<div style="text-align: justify;">
Aujourd'hui, ça sera la première fois, la toute première. Truman sent l'excitation lui couler à grosses gouttes le long des omoplates. Il observe la faune autour de lui, mais ne palpe pas encore bien d'où vont jaillir les hostilités, d'où partira l'impact. On lui a pourtant vendu ce groupe américain comme une mèche vers la poudre, et il est là pour en tâter. S'il connaissait les morceaux, Truman pourrait prévoir que ces notes-là s'avèreraient incendiaires. Il y a d'abord cette fille à cheveux rouges qui, comme en transe, ne peut s'empêcher de gueuler "O Katrina". A côté, ses compagnons d'ivresse ont commencé à gentiment se taquiner des coudes, et Truman, le sourire extatique, cherche à tout prix à se rapprocher de ce noyau qu'il pressent propice à son initiation dans les règles. Des épaules, il esquisse un pardon contrit tandis qu'il me bouscule, droit vers sa cible. Au cœur de la mêlée fauve qui vrille à plein régime, c'est un oiseau consentant pour le chat: il n'aura de cesse de projeter sa carrure de moinillon tant qu'il n'aura pas reçu l'adoubement viril de ce garçon au visage poupin mais à la puissance bovine. Il est prêt pour ça à sacrifier ses lunettes et sa chemise neuve en percale bleue.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />Le pogo est une science brouillonne mais quasi érotique : on y dépasse ses propres limites physiques dans un affolement indicible, on effleure au passage des zones interdites. Truman n'est pourtant pas dupe: jamais plus il ne sera aussi proche de Troy qu'à cet instant de collision fortuite, un soir moite de juin, à un concert des Black Lips.</div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1525593010398076850.post-74608807574594382232012-05-28T11:51:00.003+02:002012-05-28T11:56:26.953+02:00R I B S<div style="text-align: justify;">
La première terrasse. Je jette un oeil à la table d'à côté, un groupe dont la présence à Bruxelles est semble-t-il due aux 20km, le matin même. Je ne
peux m'empêcher de faire le compte : huit individus, dont une fille, et
deux t-shirts. Ce qui nous laisse tout de même cinq polos. Cinq polos,
un accent reconnaissable, un ratio immédiat: le taux d'auto-satisfaction
risque d'être plus élevé que la moyenne, c'est statistique. Le taux
d'auto-satisfaction risque même de faire des dégâts notoires si le polo
est accompagné d'une Chouffe, ou de plusieurs et ça ne loupe pas. Arrivent du Senghor
des musiciens étuis au dos, et ça dégoise déjà : "Truuuuubaduuuur,
joue-nous ta musique!". Rituels de beuveries estudiantines, "il est des
nôtres, il a mis son polo et bu sa Chouffe comme les autres, Barnabé,
montre-nous tes fesses" "Vous allez tous commander des plats craaaaaazy,
ou quoi?" <br />
<br />
Mais on ne peut pas plaire à tout le monde, qu'on ait acheté ou non son polo à logo brodé dans un aéroport international pour tromper son ennui. Derrière, un homme à chemise blanche bien coupée s'interpose, la tension est palpable : "Je ne
sais pas si vous venez de la campagne, mais vous dérangez tout le
monde, à vous comporter comme des adolescents décérébrés. Nous voudrions
passer une soirée tranquille." On se dit que si terrain agricole il y a
du côté de Polo Jaune Rayé , Polo Bleu et ses amis, il y a fort à parier
qu'il soit plus du côté de Genval que du Condroz, mais on ne peut
qu'admirer l'audace de cet homme : tenter de lutter contre un tel
habitus, ça relève de la vaillance, de l'inconscience ou du dépassement
de limites. <br />
<br />
Très vite, d'ailleurs, l'interpellation est mâchonnée et recrachée, Polo Bleu a trouvé une proie plus facile en forme d'un jeune serveur:
"ANTOINE BOUDART! Je ne me trompe pas, c'est bien ça, ton nom, Antoine
Boudart, hein dis? Viens un peu par ici". Petit clin d'oeil de
circonstance au blondinet qui ne cille pas. "Dis-nous, jeune homme, quel
est le plat le plus abject de ta carte? Polo Turquoise est parti aux toilettes
et nous allons commander pour lui." "Vous savez, je suis en extra ce
soir, je ne sais pas vraiment....". Se désempêtrer de cette glu, vite.
"Oh mais tu sais, on n'a pas l'intention de te dénoncer au fisc, juste
que tu nous dises quel est est le pire plat de ce rade!". Polo Jaune Rayé fait
pourtant mine de sortir un téléphone : "Dis, Rémy, on a ici un jeune
garçon du nom d'Antoine Boudart, il faudrait que tu t'occupes de son
cas, il est en irrégularité...".<br />
<br />
Le service peine à suivre, rien encore à se mettre sous la dent à la table d'à côté. Polo Rouge prétend aller voir directement en cuisine ce qui s'y trame, non seulement pour sa bande mais pour deux jeunes femmes et un bébé attablés devant des ribs malencontreusement non accompagnés de frites. Elles sont bonnes joueuses, et ne s'offusquent guère des prises à parti nombreuses venues du gang. Polo Bleu est allé faire lui-même la plonge des verres à Chouffe, à ce qu'il prétend, le plateau plein à la main. Quelques blagues à base de portugais plus tard, les chansons et cet entrain de façade reprennent "Adrien Adrien Adrien ouh ah". Un vieux à la table d'à côté fait signe au serveur :"Ils vont réveiller tout le quartier, à beugler, comme ça, il faut les faire taire.". Tentative malencontreuse, aussitôt fuse la remarque suivante :"Nous voulons bien comprendre que vous êtes totalement dans le jus et attendre, mais laissez-nous nos plaisirs bon enfant! Nous passons une bonne soirée entre amis."<br />
<br />
L'addition est là. Avant de quitter l'arène, j'entends encore la question suivante, posée par un des T-shirts discrets à la compagne de Polo Rouge : "Il nous avait bien dit que tu étais timide, mais c'est ça, la raison de ton silence ou bien tu ne vois aucun intérêt à ce qu'on raconte?".</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Au cours des échanges, il fut aussi question de Boris Becker, d'ambulances et de stock options. Peut-être pas dans cet ordre.</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>alrhttp://www.blogger.com/profile/16168326440790609309noreply@blogger.com0