samedi 5 mai 2012

A P P E A U

On aurait fort à faire de vouloir tout dire au sujet de cet homme, cette peau tavelée et ces orbites saillantes, offertes en pâture à la première passante, cette brousse auburn, ces mains aux jonctions noueuses et trop fines pour sa constitution. Ce serait encore peu de décrire sa façon d'être au monde, assis ou plutôt recroquevillé, rarement déployé malgré une certaine envergure, jamais un mot qui dépasse : on ignore tout de ses mystères gutturaux. Il n'est pas exactement débraillé, mais sa chemise recèle des constellations de tachettes brunâtres (café, brou de noix, gravy?) regroupées au niveau du col et des poignets. Niché au creux de sa main gauche, un de ces oiseaux de glaise qui produisent des pépiements plus ou moins fidèles, pour peu que la nature vous ait doté de la capacité à siffler. On ne le sait pourtant pas colombophile. On ne le sait pas non plus cycliste, luthier ou prince consort, accordéoniste. On le sait juste propre au regard.

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