C'est le seul endroit à la ronde où l'on peut entendre des chansons sur
les bébés congelés. « Le groupe vient de Metz » raille le vendeur quand
je fais mine de m'offusquer, « ça explique pas mal de choses. Mais
c'est vrai que c'est pas follement réjouissant pour un samedi
après-midi, en plus, t'as vu, ya du soleil. Je vais changer de
disque». C'est l'un des deux tenanciers de cet antre microscopique, où
s'entassent références obscures, fanzines fluo démoniaques et perles
insoupçonnables à sillons. A première vue, Tim, tu jurerais qu'il est
le résultat d'une hybridation étonnante entre Pluto et une petite fille
perverse de Yoshitomo Nara, le flegme indéniable couplé à un visage
oblong au front proéminent encadré de cheveux blonds filasses. Du fond
de son impasse, il fait à son contact téléphonique la confession
suivante, non sans lui avoir souhaité au préalable une bonne année « Oh
tu sais, moi je mène une vie vraiment dissolue, mais je pense qu'elle
me convient bien comme ça ». Le morceau suivant est tout droit issu
d'une production du label « Et mon cul, c'est du tofu ? » et ça en dit
déjà bien assez long sur son contenu. Je salue Tim du bout des doigts,
un précieux paquet sous le bras. Dedans, de vrais lambeaux de chanteuse
folk grecque et quelques autres divagations des racines.
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